Women House , l’exposition actuellement à l’honneur dans le splendide Hôtel de la Monnaie à Paris, traversera l’Atlantique, et s’installera au National Museum of Women in the Arts, en mars 2018.
Camille Morineau et Lucia Pesapane, les deux commissaires d’exposition se sont inspirées des travaux de Louise Bourgeois et Nikki de Saint Phalle à propos de la « femme maison », s’interrogeant sur l’identité féminine et le lien à la sphère domestique.
Le titre de l’exposition rend hommage au travail de Judy Chicago et Miriam Shapiro, lors de leur performance et installation collective « Womanhouse » en 1972. Une vidéo de Johanna Demetrakas présente le projet de l’époque, et en restitue l’ambiance crue, provoquante, fantasque et pleine d’humour. (le film intégral de Johanna Demetrakas a été récemment projeté par Senso Projekt, et est disponible sur commande par internet).
Lors de ce tournant décisif de l’histoire de l’art féministe, des artistes femmes ont voulu pointer la maison, considérée sphère domestique aliénante.
Ainsi les oeuvres ironiques de Martha Rosler « Sémiotique de la Cuisine » à propos d’un « lieu féminin », et également Birgit Jurgenssen qui se représente en bourgeoise modèle parmi ses appareils électro ménagers, à repasser littéralement un homme en costume directement sur une table à repasser, ou à nettoyer ses carreaux.
La maison peut aussi apparaître pour d’autres artistes une source d’échanges et de réinvention : Claude Cahun et son double en 1932, emprisonnée sur une étagère d’armoire, dialogue avec l’œuvre de Kirsten Justesen de 2013. La performance de Lydia Schouten prend une tournure esthétique plus brutale : elle se représente en va et vient à l’intérieur d’une cage, en justaucorps blanc et se frottant aux barreaux enduits de pastels gras et noirs.
Il ne s’agit pas bien sur que de restriction d’espace ou de liberté. Au fil de l’exposition revient avec récurrence, le thème de la recomposition de l’espace. Par exemple, la réinterprétation d’une tente nomade par Nil Yalter : Topak-ev : la yourte est ici couverte du texte d’un écrivain turc décrivant le mode de vie nomade et la traditionnelle répartition des rôles hommes -femmes.
La cour intérieure du musée abrite 3 « sculptures-maisons », où chaque artiste réinterprète à sa manière architecturale son espace domestique :
Nana-Maison II par Nikki de Saint Phalle, Mademoiselle Jasmin, par Johanna Vasconcelos, interprétée par une gigantesque théière en métal, et enfin l’œuvre de Shen Yuan, Salon de Coiffure, immense perruque de cheveux blancs et longs en chanvre.
A l’étage, l’espace de la maison est fonctionnel et communautaire chez Andrea Zittel, avec son « véhicule d’évasion de A à Z », ou Lucy Orta : Corps architectural. Cet espace peut également devenir nostalgique, avec le matelas pneumatique de Rachel Whiteread, ou les maisons de tissus de Laure Tixier qui évoquent les cabanes d’enfants.
Women House est la démonstration que l’espace domestique et notre relation à cet espace est un terreau fertile de création et d’interprétation.
L’exposition a lieu à la Monnaie à Paris, jusqu’au 28 janvier 2018, puis à Washington au NMWA du 9 mars au 28 mai 2018.
Cycle « Art : genre féminin » du 16 novembre 2017 au 11 avril 2018, à la Monnaie de Paris, organisé par l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne en collaboration avec AWARE, (Archives of Women Artists, research and exhibitions) et en partenariat avec La Monnaie de Paris.